INTERVIEW DE Mr COURTOIS
(responsable de l'Institut Chestel)
Mr Courtois, resposable de l'Institut Chestel  

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Question : Monsieur Courtois, vous avez réussi en quelques mois à signer toute une série de contrat avec des sociétés financières de tout premier plan. Pourriez vous lever un coin du mystère qui vous entoure et vous présenter ?

Mr Courtois :
(Rire). Je n'avais pas eu l'impression d'être un mystère pour les gens que je côtoie habituellement. Je suis né en 1964, je suis marié et j'ai deux adorables petites filles de 3 et 6 ans, Liliane et Monique. J'ai commencé à travailler comme visiteur médical. (ndlr : personne chargée de visiter les cabinets médicaux pour proposer de nouveaux médicaments ). C'est grâce à cette activité que j'ai connu le docteur Chestel en 1986. Il voulait former une équipe de test pour mettre en pratique ses idées. J'ai dit oui. Et voilà.

Q : Votre femme aussi faisait partie de l'équipe initiale ?

MC :
Tout à fait. Sophie Liane est née 1965 et elle était étudiante en médecine. Elle aussi a fait partie de la première équipe. Nous avons travaillé avec le docteur jusqu'au bout. C'est Sophie qui a créé le dossier du patient et a exigé de remplacer les piqûres de Gunatraja par des gélules. Même que le docteur a mis un moment à comprendre et lui a d'abord proposé de voir si on ne pouvait pas la soigner grâce à sa méthode. Plus tard, il soutenait que c'était pour plaisanter, mais Sophie l'avait très mal pris.

Q : Il parait que vos divergences d'opinion ont éclaté dès que vous avez décidé de vous marier.

MC :
Mettons les choses au point : le docteur Chestel est ( et j'insiste sur le est, pour moi, il est toujours vivant ) un ami et un maître, mais ce n'est pas pour cela que nous n'avons pas des divergences d'opinions. N'oubliez pas que nous sommes restés ensemble pendant plus de 10 ans.

Q :
Mais votre mariage avec Sophie lui a causé un choc.

MC :
Sophie était la seule femme de l'équipe. Quand elle a commencé à travailler avec Chestel, elle l'idolâtrait, comme nous tous. Mais c'était une femme. Je pense que le docteur l'a assimilé à son épouse fidèle. Il ne lui a jamais fait d'avance, il se contentait d'être adoré. Découvrir qu'elle souhaitait vivre avec un autre, qu'ils allaient avoir des relations sexuelles a cassé cette image. C'est sous le coup de la colère qu'il m'a accusé de l'avoir manipulée ( Sophie a été ma patiente pour une dépression nerveuse à la mort de ses parents ). D'ailleurs, il a été son témoin lors du mariage.

Q :
On dit que vous vous êtes éloignés l'un de l'autre ensuite...

MC :
Il est vrai que notre ardeur au travail a subi un coup d'arrêt : nous rêvions de voyager et nous avons profité du besoin de création d'autres centres de par le monde. Puis il y a eu Monique et nous n'étions plus en état de suivre ses idées. Le concept de Métacosme est ardu et nous n'avons jamais été convaincu par ses "preuves" qui se sont toujours révélées ambiguës après discussion.

Q :
Justement, pouvez vous nous parler de ce concept qui est à l'origine de l'accident ?

MC :
Il y a le Réel, le monde dans lequel nous vivons réellement. Le réel est le même pour tous. Il est indépendant de l'observateur.
Il y a l'Intracos, le monde dans lequel nous croyons vivre. Il est unique pour chaque personne. Ce monde est la vision individuelle déformée par le filtre des croyances, superstitions, préjugés, présupposés, etc. Tout le monde connaît l'effet nouvelles fringues originales: avant de les acheter, vous ne les aviez jamais remarquées et une fois en votre possession, tout le monde en a ou presque. Elles ont toujours été là dans le Réel mais elles étaient invisibles dans votre Intracos.

Le Métacosme pourrait se définir comme l'ensemble des points communs des Intracos existants ou, là même le docteur Chestel avait un doute, ayant existé. Au Moyen Age, la magie existait dans le Métacosme car la majorité des gens y croyaient donc le possédaient dans leur Intracos. Durant l'Antiquité, les Dieux existaient. Le Métacosme est en quelque sorte la vision instantanée de la mémoire ancestrale de l'humanité et de son réservoir d'Archétype. Ensuite, il parlait de Métacosme principal et de Métacosmes secondaires, parallèles, en gestation ou en fin de vie. Là , j'ai décroché et Sophie aussi et comme nous étions les seules personnes à partager ses travaux depuis le début, il s'est retrouvé seul.

Chestel a toujours cherché à soigner. Il ne conçoit l'utilisation de sa machine à partager l'Intracos que dans un but curatif, pour permettre à un Patient atteint de troubles psychiques de retrouver une vie normale. Agir sur le Métacosme permettrait de soigner l'humanité de toutes ses tares et en particulier la recherche du profit personnel au dépend des autres.

Q : Finalement, son accident vous a laissé les mains libres car il n'aurait jamais accepté vos trois Univers.

MC :
Son accident nous a même forcé la main. Je reste persuadé que nous pourrons sauver le docteur et il faut donc que nous conservions son corps en bon état. Cela a un coût. Nous ne pouvions l'assumer seul, les centres Chestel couvrent à peine leurs frais de fonctionnement avec un personnel volontaire bénévole et non rémunéré, nous ne pouvions demander à tous ces gens qui en font déjà beaucoup de financer un projet que la plupart de mes actuels détracteurs n'ont jamais voulu soutenir.

J'avais en tête depuis longtemps de populariser les expériences du docteur en leur donnant un tour plus artistique. J'ai réalisé une maquette de Paradis qui a convaincu des financiers. C'est tout. Purgatoire et Enfer correspondent à une demande marketing identifiée, les trois projets, qui sont toujours en phase de test, payant certes, mais accessible qu'à une population ciblée et suivie médicalement.

Q : Avant de développer plus avant vos réalisations, pouvez vous nous parler de l'accident et du mausolée ?

MC :
Je répète que le docteur Chestel n'est pas mort. Le terme mausolée avec son sens funéraire est impropre. Il s'agit simplement d'une maison de soins en un endroit calme et isolé pour permettre de mener à bien les expériences qui s'imposent.

Le Docteur Chestel a été retrouvé le 26 décembre 1996 doublement branché sur sa propre machine, comme s'il avait voulu tenir le rôle à la fois de Soigneur et de Patient. Il n'y avait pas de traces de violences. Son électroencéphalogramme est depuis cette date quasiment plat, mais il reste quelques traces d'activités résiduelles qui nous laissent espoir. Il est considéré dans un état végétatif mais il parvient à respirer la plupart du temps sans assistance extérieure.

Toutes les expériences que j'ai menées sur des animaux, malgré l'opposition de ma femme qui est farouchement opposée à toute forme d'expérimentation animale, ont montré que déconnecter le Patient de lui même revient à le tuer. Nous avons donc maintenu le corps du docteur branché en permanence à deux machines pour minimiser les risques de pannes. Nous pouvons espérer maintenir le corps en l'état plusieurs années comme le prouvent les cas de coma de longues durées.

Nous avons branché des Soigneurs sur ces machines. Pour minimiser les risques d'interférence, nous n'envoyons qu'un seul Masque qui se nomme Arthur Von Glücke. Nous avons découvert quelque chose qui ressemblerait à un ensemble de lieux communs et qui pourrait être le Métacosme ou la vision qu'en avait le Docteur. Vous pourrez vous faire une opinion en parcourant les carnets de voyages d'Arthur (en cours).

Nous espérons retrouver Chestel et le guider vers son corps. Logiquement, cela devrait suffire. Nous ne l'avons pas encore découvert car son Intracos est très vaste.

Q : Que pensez vous des gens qui disent avoir vu le docteur Chestel lors de séances de soins dans divers Intracos ?

MC :
Il faut rester prudent : au fond de mon cœur, je reste persuadé que l'âme du docteur erre quelque part. Si le Métacosme ou quelque chose de similaire existe vraiment, cette âme pourrait se retrouver dans divers Intracos. Toutefois, tous les Soigneurs et beaucoup de Patients ont connu Chestel et il ne s'agit peut être que de résidus mémoriels. Je garde espoir.

Je tiens à préciser que nous n'avons pas voulu que la Méthode Du docteur Chestel tombe entre de mauvaises mains. Nous avons choisi des entreprises internationales sans intérêt gouvernementaux. Il y a aussi plusieurs laboratoires médicaux pour veiller à l'éthique de nos activités.

Q : Pouvez vous nous présenter vos trois projets ?

MC :
Nous sommes en train de recréer des sortes d'Intracos artificiels animés par des collectifs d'artistes qui sont en fait des Soigneurs volontaires. Trois Univers virtuels vont être mis à la disposition du public :

- Paradis : c'est un ensemble d'îles paradisiaques au climat enchanteur, sans pollution, sans téléphone, sans stress, sans maladie. Le public peut incarner plusieurs personnages jeunes, beau, intelligents, habiles de tous leurs membres, en parfaite santé. La nourriture est abondante, variée et exquise. Tout pour plaire. Pour les gens qui trouveraient ceci trop statique, il y a :

- Purgatoire : c'est notre monde contemporain dans lequel vous pouvez incarner des justiciers armés et quasiment invincibles, des sortes de super héros.

- Enfer est pour les gens plus pacifiques. Vous pouvez pratiquer n'importe quel sport extrême, du saut à l'élastique en passant par une course maritime en solitaire, de l'ascension de l'Everest au sauvetage d'un enfant dans une maison en flammes. La réussite n'est pas automatique, mais comme le public s'incarne dans un Masque, il n'y a pas de séquelles.

Dans tous les cas, les sensations sont au rendez vous : odeur, toucher, sentiment, vous vivez du vécu élaboré à partir de souvenirs réels : sportifs pour Enfer, militaires et policiers pour Purgatoire, jeunes gens privilégiés pour Paradis. Il y a un effet de dilatation du temps qui vous permet d'accumuler des mois de souvenirs virtuels en quelques heures.

Bientôt, tout sera au point et accessible au plus grand nombre.

Q : Pour le moment, seul quelques privilégiés fortunés peuvent participer à ce rêve.

MC :
Bien sûr. Nous ne pouvons nier les réalités économiques. Nous ne sommes pas dans Paradis. Pas encore.

Que sait-on du mausolé ? (flash 88Ko)

 

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